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ticules d’eau en contact avec elle sont plus pesantes ; et par la raison que l’eau de la mer est à l’eau douce comme 1,030 à 1,000, l’eau de la mer doit encore agir plus fortement sur la glace que l’eau douce[1]. Nous avons eu des occasions fréquentes de voir l’effet de l’eau de la mer sur la glace, quand elle en met en pièces de grosses masses qui avaient été rongées peu à peu au-dessous de la surface de l’eau : on entend alors un craquement qui n’est guère moins bruyant qu’un coup de canon ; quelquefois nous en étions si peu éloignés, que nous courions risque d’être écrasés par un rocher de glace qui éclatait brusquement en pièces, et dont les morceaux, se renversant sens dessus dessous, prenaient de nouveaux centres de gravité ; la glace fondue, mêlée avec l’Océan, doit aussi refroidir la température de l’eau de la mer dans les latitudes qui sont entre 50 et 60° sud, où nous avons observé ces différens phénomènes.

» Il paraît incontestable que la glace que nous avons trouvée en plein Océan par 50 et 67°, ou même 71° sud, se forme encore plus loin au sud ; car elle a son origine près de quel-

  1. Cependant les grandes masses de glace ont besoin d’un long temps et d’un climat chaud pour se dissoudre entièrement. Quelquefois par 40° de latitude nord on a trouvé des îles de glace dans la mer Atlantique. Un officier qui a passé plusieurs années à Terre-Neuve et dans les environs m’a dit qu’une très-grosse île de glace vint échouer dans le détroit de Belle Île, qu’elle y resta tout un été, et qu’elle ne fut dissoute que dans l’été de l’année suivante.