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donne de l’eau douce quand elle est fondue : on doit cependant avoir soin de ne jamais prendre celle que l’agitation des vagues a rendue spongieuse, parce que cette espèce contient toujours une quantité considérable de saumure dans ses interstices et ses cavités poreuses, et elle n’est ni salubre ni bonne. À la forme et à la position de cette glace, on la distingue aisément de celles qui sont plus solides ; communément elle est en avant des grandes plaines de glaces, et par conséquent plus exposée à l’agitation des vagues : au contraire, sous le vent des grandes îles de glaces, on voit dériver pour l’ordinaire des morceaux flottans de différentes grosseurs ; les glaçons qui sont les plus proches de la grande masse sont en général les plus solides, et par conséquent les plus propres à fournir de l’eau à un vaisseau. On prend les morceaux qui peuvent se monter plus commodément dans la chaloupe ; on les empile ensuite sur le pont, où l’eau salée, qui adhère à la surface, s’écoule bientôt : l’atmosphère plus chaude du navire, et surtout la chaleur du pont, contribuent à dissoudre une partie de cette glace ; on en remplit une chaudière, afin qu’elle se fonde entièrement ; l’on brise les autres pour remplir avec plus d’aisance les pièces à l’eau ; et quand il n’y a plus de place, on met dans les interstices de l’eau tirée de la chaudière, qui fond en peu de temps ces petits morceaux.

» Nous avons toujours vu la mer tranquille