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de cent pieds au-dessus de la surface des flots.

» Supposons qu’un corps de glace, dont les côtés sont parallèles, et qui flotte dans la mer, ne montre au-dessus de l’eau que la dixième partie de sa masse ; cette supposition n’est pas trop forte, puisque, suivant Mairan, la glace flottante dans de l’eau douce présente au dehors le quatorzième de sa masse ; et même le docteur Irving a plongé un morceau de la glace la plus solide dans une eau de neige fondue, et les quatorze quinzièmes de la masse sont tombés au-dessous du niveau. Une île de glace d’un mille seulement de longueur, d’un quart de mille de large, et de cent pieds au-dessus de l’eau, contient six cent quatre-vingt seize millions trois cent soixante mille pieds cubes de glace solide ; mais, comme on ne prend ici que la quantité de la glace qui se montre au dehors, il faut y ajouter neuf fois cette même quantité pour ce qui se trouve au-dessous de l’eau : toute la masse doit monter alors à six milliards cent soixante-neuf millions six cent mille pieds cubes de glace solide, et former par conséquent un corps prodigieux.

» La grosseur énorme de ces îles de glace n’est pas le seul objet digne de surprise ; leur nombre infini n’est pas moins étonnant. Le 26 décembre 1773, nous comptâmes cent quatre-vingt-six masses de glace du haut des mâts ; aucune n’était moindre que notre vaisseau : souvent nous étions environnés de toutes parts d’îles de glace, ou obligés de changer de route,