d’eau limpide qui, sortant du rocher, forme ensuite un petit bassin, puis coule dans la mer : près de cette source un ruisseau descend des hautes collines ; un second, plus considérable que le premier, se précipite au milieu de la grève (c’est là que nous remplîmes nos futailles) ; on en rencontre un troisième du côté du nord. Cette île est bien arrosée, ce qui est fort utile aux végétaux, ainsi qu’aux habitans. Nous retournâmes bientôt à la place du marché, et nous causâmes avec les naturels, qui témoignaient si peu de défiance, qu’ils changeaient leurs armes contre nos outils de fer. Ces armes étaient toutes de bois de casuarina [1] ; nous n’achetâmes que de simples piques d’environ huit ou dix pieds de long, ou des massues qui avaient communément un gros nœud à une extrémité.
» Dès qu’on eut dîné, le capitaine Cook renvoya les bateaux à l’aiguade, sous la protection d’une garde : à leur débarquement les insulaires s’enfuirent tous, excepté un homme qui pourtant semblait fort effrayé ; un ou deux autres revinrent ensuite, et on n’en vit pas un plus grand nombre après midi. Nous ne pouvions concevoir la raison de cette frayeur subite.
» Le 9, dès le grand matin, les canots allèrent faire de l’eau comme à l’ordinaire ; et nos gens n’aperçurent les naturels qu’au moment de leur retour. Après le déjeuner, le capitaine
- ↑ Les Taïtiens lui donnent le nom de toa, qui signifie guerre, parce qu’il fournit des instrumens de mort.