deviennent de vils mercenaires de la tyrannie. Dès que les arréoïs, enfreignant leurs premières lois, admirent les femmes parmi eux, il est aisé de concevoir qu’ils perdirent peu à peu l’esprit de chasteté qui animait leur corps. Sûrement ce sont aujourd’hui les insulaires les plus sensuels, quoique je n’aie pas eu occasion de remarquer ce raffinement de débauche qu’on leur a reproché. On a dit que chaque femme est commune à tous les hommes ; mais, en faisant des questions sur cette matière, il nous a paru que cette accusation a peu de fondement[1].
» Quelques arréoïs sont mariés à une femme, de la manière qu’Oedidi avait épousé la fille de Toparri ; mais d’autres ont une maîtresse passagère : la plupart fréquentent sans doute les prostituées, si communes sur toutes les îles. La dissolution est beaucoup plus universelle dans chaque pays policé de l’Europe ; et je ne crois pas qu’on puisse en conclure qu’il y existe une société d’hommes et de femmes aussi débauchés qu’on suppose les arréoïs.
» Quand on considère le caractère doux, généreux et affectueux des Taïtiens, on ne conçoit pas comment ils peuvent massacrer leurs enfans ; on est révolté de la barbarie farouche du père, et surtout de la dureté impitoyable de
- ↑ On ne peut s’empêcher de remarquer ici que Forster accuse un peu légèrement d’inexactitude la relation du premier voyage ; car, puisqu’il convient que les arréoïs mêlent de la débauche à leurs assemblées, qu’ils font mourir les enfans qui naissent parmi eux, serait-il donc étonnant que chacune de leurs femmes fût commune à tous les hommes ?