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suivi de tous ses gens. Ils saluèrent à l’instant par une application de nez les naturels, qui étaient déjà à bord, et firent le même compliment à tous ceux d’entre nous qui se trouvèrent sur le gaillard d’arrière. Les deux orateurs furent introduits dans la grand’chambre ; l’un se nommait Teirêtou ; il venait de la côte opposée de l’île septentrionale, appelée Tierraouhite.

» Dès qu’ils furent avec nous, la paix s’établit à l’instant de tous côtés. Il ne me parut pas que ces nouveaux venus eussent dessein d’attaquer leurs compatriotes ; du moins s’ils avaient formé ce projet, ils sentirent que ce n’était ni le temps ni le lieu de commettre des hostilités. Ces étrangers demandèrent aussi, avant tout, des nouvelles de Topia ; et quand ils apprirent sa mort, ils exprimèrent leur affliction par une espèce de lamentation qui me sembla plus feinte que réelle. Ses lumières et ses talens, la facilité avec laquelle il parlait le langage des Zélandais, l’avaient rendu cher à ces barbares. Déjà ceux que le capitaine Furneaux avait vus à son arrivée, et ceux qui venaient fréquemment nous visiter, s’étaient aussi informés de Topia, avaient témoigné le même regret en apprenant sa mort, et même demandé si nous ne l’avions pas mangé. Topia était peut-être plus propre que nous à conduire ces hommes à l’état de civilisation où sont parvenues les îles de la Société. En effet, nous ne prendrions pas dans nos instructions la voie la plus courte,