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sent aucune boisson enivrante ; car dans l’ivresse ils seraient encore plus farouches et plus indomptables.

» Le 29, trente insulaires nous firent visite, et nous apportèrent une grande quantité de poisson, qu’ils échangèrent contre des clous, etc. Je menai l’un de ces Zélandais à Motouara, et je lui montrai quelques pommes-de-terre qu’y avait semées M. Fannen, maître de l’Aventure. Il semblait qu’elles devaient réussir ; et l’Indien en était si charmé, que de son propre gré il se mit à remuer la terre autour des plantes avec sa houe. On le conduisit ensuite aux autres jardins, et on lui fit voir les turneps, les navets, les carottes et les panais ; racines qui, avec les pommes-de-terre, leur seront réellement plus utiles que tout ce que nous avons semé d’ailleurs. Il nous fut aisé de leur donner une idée de ces racines, en les comparant à celles qu’ils connaissaient.

» Parmi eux se trouvaient plusieurs femmes, dont les lèvres étaient remplies de petits trous peints en bleu noirâtre, un rouge vif avec un mélange de craie et d’huile couvrait leurs joues. Elles avaient, comme celles de la baie Dusky, les jambes minces et torses, et de gros genoux ; ce qui provient sûrement du peu d’exercice qu’elles font, et de l’habitude de rester les jambes croisées, et presque continuellement accroupies sur leurs pirogues. Elles avaient le teint d’un brun clair, entre la couleur d’olive et celle d’acajou ; les cheveux très-