Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/326

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

héo. Nous demandâmes son nom, et on nous dit qu’il s’appelait Ko-Tohétaï. Nous voulions savoir s’il était chef seulement d’un canton ou de tout le pays, et sur cela il étendit son bras comme pour embrasser l’île entière, et dit ouaïhou. Afin de lui montrer que nous le comprenions, nous mîmes nos mains sur la poitrine, nous l’appelâmes par son nom, et nous ajoutâmes le titre de roi d’Ouaïhou, ce qui lui fit beaucoup de plaisir. Alors il se mit à causer pendant long-temps avec ses compatriotes. On ne remarqua pas qu’aucun des insulaires lui montrât des égards ou du respect. Dans une contrée si pauvre, le chef ne peut guère s’approprier des honneurs sans empiéter sur les droits naturels de ses camarades, et sans s’exposer à des dangers. Il parut mécontent de ce que nous désirions continuer notre marche, et nous pria de retourner sur nos pas, en nous promettant de nous accompagner ; mais voyant que nous étions déterminés à aller plus avant, il finit ses supplications, et il nous suivit.

» On remarqua que cette partie de l’île était remplie des mêmes statues gigantesques dont on a déjà parlé ; quelques-unes placées en groupes sur des plates-formes de maçonnerie, d’autres isolées et peu enfoncées en terre ; en général, ces dernières sont beaucoup plus grosses que les autres. L’une d’elles, qui était tombée, avait près de vingt-sept pieds de long, et plus de huit pieds au-dessus de la poitrine ou des épaules, et cependant elle paraissait bien