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peuples que nous avions vus jusqu’alors. Il était difficile de conserver nos chapeaux sur nos têtes, et de garder ce que nous avions dans nos poches, pas même ce qu’ils nous avaient vendu ; car ils saisissaient la première occasion de nous l’enlever ; de sorte que nous achetions deux ou trois fois les mêmes choses, et que nous finissions par ne pas les avoir.

» Avant mon départ d’Angleterre, j’appris qu’un bâtiment espagnol avait visité l’île de Pâques en 1769. Nous en vîmes des preuves chez les habitans : un homme avait un assez bon chapeau européen à rebord, un autre une veste, un troisième un mouchoir de soie rouge. Ils semblaient aussi connaître l’usage des armes à feu et en avoir peur.

» Les vêtemens de ces insulaires, dit Forster, consistent en un ceinturon, d’où pend un morceau d’étoffe ou un réseau. Un petit nombre ont des manteaux peints en jaune qui descendent jusqu’aux genoux : on leur vit peu d’armes ; quelques-uns avaient des lances armées, à pointe triangulaire, de cette lave noirâtre qu’on appelle agate d’Islande, et des massues sculptées à une extrémité. Leur figure annonçait la stérilité du pays ; on n’en vit pas un seul de grande taille ; leur avidité montrait leur pauvreté ; leur corps et leur visage étaient tatoués : les femmes avaient des piqûres en place de mouches ; elles s’étaient barbouillé le visage avec de la craie rouge et du blanc ; leurs traits sont minces et comme resserrés, mais non sauvages ; leur nez