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avec des côtés perpendiculaires qui inspiraient la frayeur quand on les regardait. De tous les oiseaux qui avaient accompagné la Résolution, il ne restait que les albatros gris et quelques pétrels antarctiques.

» Le 22, un coup de vent du nord, qui souffla par rafales, déchira la voile de perroquet d’artimon, et le mit hors d’état de servir. À six heures du matin, le vent tourna vers l’ouest : j’étais par 67° 31′ de latitude, la plus haute où nous fussions encore parvenus ; je fis route à l’est.

» Le 23, à midi, l’on voyait vingt-trois îles de glace de dessus le pont, et deux fois autant du haut des mâts ; cependant notre horizon ne s’étendait pas à plus de deux ou trois milles. À quatre heures de l’après-midi, nous rencontrâmes une quantité si prodigieuse de glaces en plaine, ou de glaces flottantes, qu’elles couvraient la mer dans toute l’étendue du sud à l’est ; et elles étaient si épaisses et si serrées, qu’elles obstruaient entièrement notre passage. Le vent étant assez modéré et la mer tranquille, je mis en travers le long du bord extérieur de la glace, et j’envoyai deux canots pour ramasser quelques glaçons. Sur ces entrefaites, on en prit de grands morceaux flottans le long du bâtiment, et on les hala à bord avec les palans à croc : l’enlèvement de la glace fut si pénible à cause du froid, que les canots restèrent jusqu’à huit heures pour faire deux voyages. Je portai ensuite à l’ouest, sous les huniers et