Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un troisième rang de chefs qui jouissent d’une assez grande autorité sur le peuple : mon ami Attago était de cette classe. Je pense que toutes les terres à Tongatabou appartiennent en propriété à des particuliers, et qu’il y a, comme à Taïti, une classe de serviteurs ou d’esclaves qui n’en possèdent point. Il serait déraisonnable de supposer que tout est en commun dans un pays aussi cultivé que celui-ci. L’intérêt étant le principal ressort de l’industrie, peu d’hommes se donneraient la peine de cultiver et de planter, s’ils ne s’attendaient pas à recueillir le fruit de leur travail. J’ai vu souvent des troupes de six, huit ou dix insulaires apporter au marché des fruits, etc., à vendre : un homme ou une femme veillait à cette vente, il ne se faisait aucun échange que de son consentement ; tout ce que nous donnions en paiement passait à cette personne ; preuve que le tout lui appartenait, et que les autres étaient seulement ses serviteurs. Quoique la nature ait été prodigue de ses richesses envers ces îles, on peut dire cependant que les habitans gagnent leur pain à la sueur de leur front. Le degré de perfection où ils ont porté la culture doit leur avoir coûté d’immenses travaux ; ils en sont bien récompensés aujourd’hui par les riches productions qui semblent être le partage de la nation. Personne ne manque de ce qui est nécessaire aux premiers besoins de la vie. La joie et le contentement se peignent sur chaque visage. L’aisance et la liberté sont en effet