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quelques-uns, mais en très-petit nombre, donnaient un cochon pour un grand clou ou pour une hache. Les vieux habits, les chemises, les morceaux de draps d’Europe, bons ou mauvais, avaient plus de prix à leurs yeux que les meilleurs des instrumens tranchans que nous pouvions leur offrir ; de sorte que nous leur avons laissé peu de haches, excepté celles qu’ils ont reçues en présent. Mais en joignant les clous échangés par les officiers et les équipages des deux vaisseaux contre les curiosités du pays à ceux qui nous ont servi à payer les rafraîchissemens, ils doivent en avoir plus de cinq cents livres. Nous n’avons trouvé parmi eux, ainsi qu’on l’a vu plus haut, d’autre morceau de fer qu’un clou dont ils avaient fait une petite alène.

» Les hommes et les femmes sont de la même taille que les Européens : leur teint est d’une légère couleur de cuivre, et il est plus égal que parmi les habitans de Taïti et des îles de la Société. Quelques-uns de nous prétendaient que la race des insulaires d’Éouâh et de Tongatabou est beaucoup plus belle qu’à Taïti : plusieurs soutenaient le contraire ; et j’étais de ce dernier avis : quoi qu’il en soit, leur taille est bien prise ; ils ont des traits réguliers ; ils sont vifs, gais et actifs : je n’ai rencontré nulle part de femmes si enjouées : elles venaient babiller à nos côtés sans la moindre invitation : dès que l’un de nous semblait les écouter, elles ne s’embarrassaient pas si on comprenait ce qu’elles disaient,