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plus fréquent qu’ils font de leurs membres. Ils deviennent industrieux par la force de l’habitude ; et lorsque l’agriculture ne les occupe pas, ils emploient leurs heures de loisir à fabriquer cette multitude d’outils et d’instrumens qui annoncent tant de patience et de sagacité. Ce caractère actif a conduit leurs arts à plus de perfection que ceux des Taïtiens. Graduellement, ils ont imaginé de nouvelles inventions ; ils ont introduit l’activité même dans leurs plaisirs, et ils les animent par l’enjoûment.

» Leur caractère content ne s’altère point sous une constitution politique qui ne paraît pas très-favorable à la liberté ; mais on n’est point obligé d’aller chercher si loin un pareil phénomène, puisqu’une des nations les moins libres de l’Europe passe pour la plus joyeuse et la plus gaie de l’univers. Il faut cependant convenir que le roi de Tongatabou ne semble exiger d’eux rien qui les prive des premiers besoins de la nature, ou qui puisse les rendre misérables.

» Quoi qu’il en soit, il paraît sûr que leur gouvernement politique et religieux, autant que nous pouvons juger de sa ressemblance avec celui des Taïtiens, provient d’une origine commune, peut-être de la mère-patrie où ces colonies ont pris naissance. Des coutumes et des opinions différentes se sont ensuite mêlées à ces idées primitives, suivant les caprices des peuples, ou suivant les circonstances où ils se sont trouvés. L’affinité entre leurs langages est