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grosseur d’une petite pomme et parfaitement rondes ; elle les jetait sans cesse en l’air l’une après l’autre, et y mit tant de dextérité, que pendant un quart d’heure, elle ne manqua pas une seule fois de les ressaisir. Les musiciennes chantaient le même air que nous avions déjà entendu à Eouâh : chaque voix faisait sa partie en harmonie avec les autres, et toutes se réunissaient quelquefois en chœur.

» Quoique je n’aie jamais vu les naturels de ces îles danser, il paraît qu’ils connaissent cet amusement, d’après les gestes qu’ils firent, en nous vendant des tabliers ornés de toutes sortes d’enjolivemens. Ces gestes mêmes donnent lieu de penser que leurs danses sont dramatiques et publiques, comme celles des îles de la Société, dont on a parlé plus haut. Ce que disent Schouten et Le Maire des danses de l’île de Horn confirme aussi cette supposition.

» En général, il paraît que les coutumes et la langue de ces insulaires ont beaucoup d’affinité avec celles des Taïtiens : il ne serait donc pas singulier de trouver de la ressemblance même dans leurs amusemens. Toutes les différences qu’on remarque entre les deux tribus, qui originairement doivent être sorties de la même souche, proviennent de la nature et de la position différente de ces îles. Celles de la Société sont remplies de bois, et les sommets de leurs montagnes couverts de forêts inépuisables. Aux îles des Amis, le bois est beaucoup plus rare ; le terrain (du moins de celles que