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était tombée du bout de son fusil. Un des insulaires, entraîné par une tentation irrésistible, saisit mes armes et se battit avec moi, en s’efforçant de me les arracher. J’appelai le docteur, et les deux autres naturels s’enfuirent, ne voulant pas être complices de cette attaque. Pendant le combat, nos pieds s’étant embarrassés dans un arbrisseau, nous tombâmes tous deux, mais l’insulaire, voyant qu’il ne gagnait rien, et craignant peut-être l’arrivée de mon camarade, se leva avant moi, et, profitant de cette occasion, il prit la fuite. Mon ami me joignit sur-le-champ, et nous convînmes que, s’il y avait de la perfidie et de la méchanceté dans la conduite du voleur, d’un autre côté, notre séparation avait été imprudente.

» Après avoir marché encore quelque temps sans aucun autre événement fâcheux, nous retournâmes au marché sur la grève, où nous trouvâmes presque tous ceux que nous y avions laissés. La plupart étaient assis en groupes composés de personnes de différens âges, qui semblaient être autant de familles séparées. Ils parlaient tous ensemble, sans doute de l’arrivée de nos vaisseaux ; plusieurs femmes s’amusaient à chanter ou à jouer à la balle. Une jeune fille, qui avait les traits d’une régularité remarquable, les yeux étincelans de feu, le corps bien proportionné, et, ce qu’il y a de plus remarquable, de longs cheveux noirs et bouclés, tombant avec grâce sur ses épaules, jouait avec cinq gourdes, de la