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sins étaient aussi plus communs qu’à Taïti : j’y remarquai une grande quantité de vases aplatis dans lesquels ils mettent leurs alimens, et de spatules avec lesquelles ils fouettent la pâte du fruit à pain. Ils étaient faits de bois massue (casuarina equisetifolia), auquel on a donné ce nom, parce qu’il fournit des armes à tous les insulaires du grand Océan.

» Ils ont des massues de toutes sortes de façons, et la plupart si pesantes, que nous pouvions à peine les soulever d’une main : la forme la plus commune est la quadrangulaire ; elles présentent alors un rhomboïde à l’extrémité, en s’arrondissant ensuite graduellement du côté du manche. Plusieurs étaient plates, pointues, ou ressemblaient à une spatule ; d’autres avaient de longs manches, etc., etc. La plupart offraient différens modèles de ciselure et de sculpture, ouvrages d’un long travail et d’une patience incroyable. Chaque compartiment était remarquable par une régularité qui nous surprenait, et la surface des massues aussi polie que si elles eussent été faites en Europe avec les meilleurs outils. Leurs lances étaient du même bois, et travaillées aussi soigneusement. La construction des arcs et des traits est particulière. L’arc, long de six pieds, et à peu près de l’épaisseur du petit doigt, forme une légère courbe quand il est relâché ; la partie convexe est cannelée d’un sillon profond dans lequel la corde se place, et qui est quelquefois assez large pour contenir