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qui ne le sont pas, si on en excepte toutefois les filles du peuple ; plusieurs même, parmi ces dernières, sont chastes. Il est très-vrai que dans ces îles, ainsi que partout ailleurs, il se trouve des prostituées ; leur nombre y est peut-être plus grand ; telles étaient les femmes qui venaient à bord de nos vaisseaux ou dans le camp que nous avions sur la côte. En les voyant fréquenter indifféremment les femmes chastes et celles du premier rang, on est d’abord porté à croire qu’elles ont toutes la même conduite, et qu’il n’existe entre elles d’autre différence que celle du prix ; c’est que, dans leur opinion, une prostituée ne commet pas un crime assez noir pour perdre l’estime et la société de ses compatriotes. Au reste, un étranger qui arrive en Angleterre pourrait, avec autant de justice, accuser d’incontinence toutes nos femmes, s’il les jugeait d’après celles qu’il voit à bord des vaisseaux, dans un de nos ports ou dans les environs de Covent-Garden ou de Drury-Lane. Je conviens que toutes les Taïtiennes sont fort versées dans l’art de la coquetterie, et qu’elles se permettent toutes sortes de libertés dans leurs propos : il n’est donc pas étonnant qu’on les ait accusées de libertinage. »

En quittant Ouliétéa, Cook fit route vers le sud-ouest, afin de sortir de la route des premiers navigateurs, et d’entrer dans le parallèle des îles de Middelbourg et Amsterdam.

« Oedidi, le jeune insulaire que nous avions