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» L’insulaire à qui je proposai mes demandes prit beaucoup de peine afin de m’expliquer les détails de cette coutume ; mais nous ne savions pas assez la langue pour le comprendre parfaitement. O-maï m’a appris depuis qu’ils sacrifient des hommes à l’Être suprême. Suivant lui, les victimes dépendent du caprice du grand-prêtre, qui, dans les assemblées solennelles, se retire seul au fond de la Maison-de-Dieu, et y passe quelque temps. En sortant, il annonce au peuple qu’il a vu le grand Dieu et conversé avec lui (ce pontife jouit seul de ce privilége) ; qu’il demande un sacrifice humain, et qu’il désire une telle personne présente, contre laquelle le prêtre a vraisemblablement de la haine. On tue sur le-champ cet infortuné, et il périt ainsi victime du ressentiment du grand-prêtre, qui sans doute, au besoin, a assez d’adresse pour persuader que le mort était un méchant. Si j’en excepte les cérémonies funéraires, j’ai recueilli de la bouche d’autrui tout ce que je sais de leur religion ; et comme les Européens qui se croient les plus habiles dans leur langue ne l’entendent qu’imparfaitement, l’on n’a pas encore de notions positives sur cette matière.

» La liqueur qu’ils font avec la plante appelée ava ava, s’exprime de la racine, et non des feuilles, comme le dit la relation de mon premier voyage. La manière de la préparer est aussi simple qu’elle est dégoûtante pour un Européen. Plusieurs personnes mâchent ces ra-