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pleurèrent aussi, de sorte que les lamentations devinrent générales. L’étonnement seul m’empêcha de verser des pleurs de mon côté. Il se passa un peu de temps avant qu’aucun d’eux voulût ouvrir la bouche : enfin, après bien des questions, tout ce que j’appris, c’est que l’absence de nos canots les alarmait : ils pensaient que les Anglais qui les montaient avaient déserté des vaisseaux, et que j’emploierais des moyens violens pour les reprendre. Quand je leur protestai que les chaloupes reviendraient, ils parurent joyeux et satisfaits, et ils convinrent tous, sans exception, que personne n’avait été blessé, ni de leurs compatriotes, ni des nôtres : nous reconnûmes ensuite la vérité de ce dernier aveu. Je ne sais pas si ces alarmes eurent le moindre fondement ; et malgré mes recherches, je n’ai pas découvert comment cette consternation universelle prit naissance : après un séjour d’environ une heure, je retournai à bord ; trois des naturels m’accompagnèrent : à mesure que nous avancions le long de la côte, ils annonçaient à tous ceux de leurs compatriotes qu’ils rencontraient que la paix était faite.

» Ainsi se rétablit la tranquillité ; et le lendemain au matin les Indiens se rendirent aux vaisseaux comme à l’ordinaire. Après le déjeuner, le capitaine Furneaux et moi nous fîmes une visite au chef. Nous le trouvâmes dans sa maison, calme, et même gai ; il vint dîner à notre bord avec quelques-uns de ses amis.