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ordres, et passé toute la nuit à terre, je conjecturai d’abord que les insulaires les avaient dépouillés, et qu’ils craignaient de s’approcher de nous, de peur que je ne vengeasse cette insulte. Afin d’éclaircir cette affaire, nous nous rendîmes, le capitaine Furneaux et moi, à la maison d’Oréo ; il n’y avait personne ; il s’était enfui avec toute sa famille, et tout le voisinage était, en quelque sorte, désert. Les deux hommes de l’Aventure reparurent enfin, et nous apprirent que les Indiens les avaient traités civilement ; mais qu’ils ne pouvaient pas rendre raison de leur fuite précipitée. Le petit nombre de ceux qui osaient s’avancer vers nous nous dirent cependant que nos fusils en avaient tué plusieurs et blessé d’autres ; ils nous indiquaient les endroits du corps par où étaient entrées les balles, etc. Ce récit me donna de l’inquiétude sur nos gens qui étaient allés à O-taha ; je craignais qu’il ne fût arrivé quelque trouble dans cette île. Pour m’en assurer, je résolus de voir le chef lui-même. Je montai la chaloupe avec un des naturels, et je marchai le long de la côte au nord, vers l’endroit où on nous dit qu’il s’était retiré. Nous l’aperçûmes bientôt sur une pirogue ; il débarqua avant que je pusse l’aborder. Nous mîmes à terre immédiatement après lui ; mais il avait déjà quitté les bords de la mer pour s’enfoncer dans l’intérieur du pays. Nous fûmes cependant reçus par une troupe immense d’insulaires qui me prièrent de les suivre. Un Indien s’offrit même à me porter