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goût de nos colifichets ; elle ne cessa pas de nous importuner tant qu’elle crut qu’il nous en restait un seul. Un de nos messieurs tenant à sa main un petit cadenas, elle le lui demanda tout de suite. Après avoir refusé pendant quelque temps ; il consentit à le lui donner, et le mit à son oreille, en l’assurant que c’était là sa véritable place. Elle en fut joyeuse pendant quelques minutes ; mais le trouvant trop pesant, elle le pria de l’ouvrir et de l’ôter. Il jeta la clef au loin, en lui faisant comprendre que, lui ayant accordé ce qu’elle désirait, si elle en était embarrassée elle devait supporter cette peine comme un châtiment de son importunité. Elle devint inconsolable, pleurant amèrement, elle s’adressa à nous tous en particulier, et nous conjura d’ouvrir le cadenas : quand nous l’aurions voulu, nous ne le pouvions pas. Elle recourut alors au chef qui, ainsi que sa femme, son fils et sa fille, joignirent leurs prières aux siennes. Enfin on trouva une petite clef pour l’ouvrir ; ce qui termina les lamentations de la pauvre Indienne, et rétablit la paix et la tranquillité parmi tous ses amis. Cette malice de notre part produisit un bon effet, car elle guérit les femmes de l’île de la vile habitude de mendier.

» Quelques circonstances survenues le lendemain matin 15 prouvent clairement la timidité de ce peuple. Nous fûmes surpris, dit Cook, qu’aucun insulaire ne vint à bord. Deux hommes de l’Aventure, ayant manqué à mes