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une dextérité étonnante. Le plus grand de ces tambours, haut d’environ trois pieds, en avait un de diamètre. Nous étions assis depuis quelque temps sous l’amphithéâtre parmi les principales femmes de l’île quand les actrices parurent : l’une était Poyadéa, fille du chef Oréo ; l’autre, grande et bien faite, avait des traits agréables et un très-beau teint. Leur habillement, très-différent de celui qu’elles mettaient ordinairement, consistait en une pièce d’étoffe brune de la fabrique du pays, ou une pièce de drap bleu européen, serré avec soin autour de la gorge ; une espèce de vertugadin de quatre bandes d’étoffe, alternativement rouges et blanches, posait sur leurs hanches, et de là pendait jusqu’aux pieds ; enfin une toile blanche qui formait un ample jupon, et qui, traînant par terre de tous côtés, semblait devoir les embarrasser dans leurs mouvemens : le cou, les épaules et les bras étaient découverts ; mais la tête était ornée d’une espèce de turban, élevé d’environ huit pouces, fait de plusieurs tresses de cheveux qu’ils appellent tamoaou, et placées les unes sur les autres en cercles qui s’élargissent vers le sommet : on avait laissé au milieu un creux profond rempli d’une quantité prodigieuse de fleurs très-odorantes de gardénia ou jasmin du Cap ; tout le devant du turban était embelli de trois ou quatre rangs de petites fleurs blanches qui formaient de petites étoiles, et qui produisaient sur les cheveux très-noirs des danseuses le même effet que