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demain 8 février. Cook fit tirer le canon à toutes les demi-heures du jour suivant ; il fit allumer des feux pendant la nuit ; on ne répondit point à ses signaux ; tous les gens de l’équipage furent vivement affligés de la séparation d’un vaisseau qui partageait avec le leur, sur ces plages inconnues, leurs fatigues, leurs périls et leurs espérances.

Lorsque ces navigateurs furent ainsi séparés, ils étaient par 50° de latitude ; ils s’étaient avancés précédemment jusqu’à 67°. Cook dirigea de nouveau sa route vers le pôle, et tenta plusieurs fois de s’en approcher davantage dans une étendue de plus de 80 degrés de longitude orientale ; mais les vents, la neige, la brume, les montagnes et les plaines de glace ne lui permirent plus de franchir au-delà du 62e. Alors il fit route pour la Nouvelle-Zélande, et entra dans la baie Dusky le 26 mars 1773, ayant parcouru dans l’intervalle de cent dix-sept jours de navigation trois mille six cents lieues, sans voir terre une seule fois.

Après une si longue navigation dans les hautes latitudes méridionales, le lecteur pense sans doute que plusieurs personnes de l’équipage étaient malades du scorbut ; mais il se trompe. Le moût de bière doux qu’on donnait à ceux qui en étaient attaqués fut si salutaire, qu’on n’avait à bord qu’un seul scorbutique, et cet homme, naturellement malingre, avait une complication d’autres maladies. Il ne faut pas attribuer absolument au moût de bière la bonne