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de malveillance, et lui avaient dit des injures.

» Le 6, M. Sparrman ayant imprudemment pénétré seul dans l’intérieur du pays pour ses recherches de botanique, deux insulaires l’invitèrent à s’avancer plus loin : ils lui firent plusieurs protestations d’amitié, et répétèrent souvent le mot de tayo ; mais, profitant bientôt d’un moment où il regardait d’un autre côté, ils arrachèrent de sa ceinture une dague, la seule arme qu’il eût, et ils lui en donnèrent un coup sur la tête à l’instant où il se baissait pour s’armer d’un caillou. Ce coup le jeta par terre ; alors ils lui déchirèrent sa veste de satin noir, et enlevèrent par lambeaux une partie de son habit. Cependant il se débarrassa de leurs mains, et, s’enfuyant vers la grève, il les devançait ; mais des ronces embarrassèrent tellement sa marche, que les Indiens l’atteignirent. Ils lui appliquèrent alors sur les tempes et sur les épaules un grand nombre de coups qui l’étourdirent : ils lui relevèrent sa chemise sur la tête, et se préparaient à lui couper les mains, parce que des boutons la retenaient au poignet : heureusement il ouvrit la manche avec ses dents, et les voleurs s’enfuirent en emportant leur butin. À cent cinquante pieds de là, des Indiens qui dînaient l’invitèrent à s’arrêter ; mais il se hâta de gagner le rivage.

» Deux autres insulaires, le voyant ainsi dépouillé, ôtèrent sur-le-champ leurs vêtemens d’étoffe dont ils le couvrirent ; un d’eux le mena à la place du marché, où se trouvaient