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tre départ quelques-unes de la classe inférieure eussent fait des avances d’une manière très-marquée. Nous avons eu peu à nous louer de l’hospitalité de ces insulaires ; ils nous regardaient avec indifférence ; ils ne connaissent presque pas l’usage taïtien des présens réciproques ; dans nos promenades ils ne nous fatiguaient point de leur présence ; nous n’eûmes pas à nous plaindre d’eux, et dans quelques occasions nous avons dû être satisfaits de leur conduite envers nous.

» Le docteur Sparrman fit ensuite tout seul une autre promenade vers le côté septentrional de l’île ; il trouva une grande lagune d’eau salée, qui s’étendait à plusieurs milles parallèlement à la côte, et qui exhalait une puanteur insupportable, à cause d’une vase putride répandue sur ses bords. Il cueillit plusieurs plantes assez communes dans les îles et sur les côtes des Indes orientales, mais plus rares dans les autres iles du grand Océan. Un naturel qui l’accompagna, et auquel il confia le sac des plantes, fut extrêmement fidèle. Quand le docteur s’asseyait pour écrire, l’insulaire s’asseyait derrière lui, et prenait dans ses mains les deux poches de son habit, afin, disait-il, d’empêcher les voleurs de venir le dépouiller. Par cette précaution, le docteur Sparrman n’avait rien perdu quand il revint à bord : plusieurs Indiens cependant, qui semblaient le regarder comme un homme qui était en leur pouvoir, avaient jeté sur lui des regards