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» Ce bon vieux chef vint me voir le jour suivant, dès le grand matin, avec un jeune enfant d’environ onze ans : il m’offrit un cochon et des fruits ; et de mon côté je ne manquai pas de lui faire de nouveaux présens. Il porta son amitié si loin, qu’il m’envoyait régulièrement chaque jour pour ma table une quantité de ses meilleurs fruits et de racines tout apprêtées. »

Forster continue ainsi le détail de ses observations : « Nous nous rendîmes par terre, le docteur Sparrman et moi, à la maison d’Oréo, et dans cette promenade nous vîmes un grand nombre de cochons, de chiens et de volailles : les poules erraient à leur gré au milieu des bois, et se juchaient sur des arbres fruitiers. Les cochons courent aussi en liberté ; mais on leur donne chaque jour des rations régulières d’alimens, que de vieilles femmes leur distribuent. Nous en remarquâmes une en particulier qui nourrissait un petit cochon avec le mahié : elle tenait le cochon d’une main, et lui offrait un morceau de couenne ; dès que l’animal ouvrait la bouche pour saisir cet appât, elle lui jetait un morceau de pâte. Sans cet expédient le petit cochon n’aurait pas mangé. Ces quadrupèdes, malgré leur stupidité, étaient réellement soignés et caressés par toutes les femmes, qui leur offraient à manger avec une affection ridicule. Nous fûmes témoins d’un exemple remarquable d’attachement : une femme peu âgée présenta ses mamelles pleines de lait à un petit chien accoutumé à la téter. Ce