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n’y a point parmi elles de modes qui les forcent à se défigurer comme en Europe ; mais une grâce naturelle accompagne leur simplicité. Le seul qui ne se découvrit pas devant le monarque était l’hoa ou ami du roi, l’un de ses officiers, qu’on peut comparer à nos gentilshommes de la chambre : on nous dit qu’il y en a douze qui servent tour à tour. Les oncles, les tantes, les cousins et les autres parens de sa majesté, parmi lesquels nous étions assis, s’empressaient à l’envi de jeter sur nous des regards de tendresse, de nous faire des démonstrations d’amitié, et de nous demander de la verroterie et des clous ; ils prenaient divers moyens pour obtenir nos richesses, et ils ne réussissaient pas toujours : quand nous distribuions des présens à un groupe de personnes, des jeunes gens ne craignaient pas de glisser les mains au milieu de celles des autres, et ils demandaient leur part comme si ce n’eût pas été une pure libéralité : afin de les corriger de ces tentatives, nous ne manquions jamais alors de leur faire un refus net. Il était difficile cependant de ne rien donner à des vieillards vénérables qui, d’une main que l’âge allait bientôt paralyser, pressaient les nôtres avec ardeur, et nous adressaient leurs prières d’un ton de confiance qui ne pouvait manquer de nous intéresser. Les femmes âgées étaient sûres d’obtenir quelque chose en mêlant adroitement un peu de flatterie à leurs sollicitations : elles s’informaient communément de nos noms, et nous adoptant