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sur ses doigts que c’était le troisième voyage qu’il faisait à cette île : en effet, M. Pickersgill y avait déjà accompagné le capitaine Wallis en 1767, et le capitaine Cook en 1769.

» Ces Taïtiens échangèrent de noms avec nous en signe d’amitié, et chacun choisit un ami particulier, à qui il était spécialement attaché. Nous n’avions pas remarqué cette coutume aux environs de notre premier mouillage, où les insulaires, infiniment plus réservés, témoignaient quelque défiance. Ils quittèrent le vaisseau à sept heures ; mais ils promirent de revenir le lendemain.

» La lune brilla toute la nuit au milieu d’un ciel sans nuages, et couvrit de ses rayons argentés la surface polie de la mer, tandis qu’elle éclairait dans le lointain un paysage charmant, qui semblait avoir été créé par la main d’une fée. Un silence parfait régnait dans l’air : on entendait seulement par intervalles les voix de quelques Taïtiens qui étaient restés à bord, et qui jouissaient de la beauté de la nuit avec les amis qu’ils avaient connus en 1769. Assis sur le vaisseau, ils conversaient par paroles et par signes. Nous les écoutions ; ils s’informaient surtout de ce qui était arrivé aux étrangers depuis leur séparation, et ils racontaient à leur tour la fin tragique de Toutahah et de ses partisans. Gibson, le soldat de marine qui fut si enchanté de cette île, lors du premier voyage, qu’il déserta pour y rester, jouait un grand rôle dans cette conversation, parce qu’entendant le mieux