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à une autre où nous trouvâmes O-Taï, sa femme, ses enfans et ses sœurs, Maroya et Maroraï. L’officier qui avait perdu les draps de son lit était avec nous ; mais ne jugeant pas à propos de les redemander, il essaya plutôt de gagner les bonnes grâces de la belle. Elle accepta les grains de verroterie, les clous, etc., qu’on lui offrit ; mais elle fut inexorable aux sollicitations passionnées de son amant. Il est probable qu’ayant obtenu les draps qu’elle désirait, et pour lesquels seuls elle aurait pu condescendre à prodiguer ses faveurs, rien ne l’excitait plus à supporter les embrassemens passagers d’un étranger. Cette idée nous semblait encore plus vraisemblable, quand nous considérions que sa famille jouissait d’un certain rang, et que, durant le long séjour du capitaine Cook lors de son premier voyage, il n’y avait point eu, ou du moins il n’y avait eu que très-peu d’exemples de ce libertinage chez les femmes de la haute classe. Après avoir resté peu de temps avec eux, je retournai à la place de notre marché ; tous nos canots étant partis, j’osai m’embarquer sur une simple pirogue sans balancier ; et pour un grain de verroterie qui était tout ce qui me restait, j’arrivai sain et sauf à bord de la Résolution.

» Le lendemain nous partîmes dès la pointe du jour pour une promenade du côté de l’est. La plaine s’élargit à mesure que l’on s’avance au delà de la pointe orientale du havre d’Aïtépeha ; il y a par conséquent plus d’arbres à