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des environs de Matavaï avaient aussi péri dans ce combat, ainsi qu’un grand nombre d’hommes du peuple ; mais que la paix subsistait enfin entre les deux états.

» Le 19, dit Forster, nous fîmes des recherches de botanique : la pluie tombée la nuit avait fort rafraîchi l’air ; et avant le lever du soleil notre promenade fut très-agréable. Les plantes et les arbres semblaient ranimés, et les bocages exhalaient un plus doux parfum. Nous nous plaisions à entendre le concert des oiseaux. À peine eûmes-nous fait quelques pas, qu’un grand bruit venant de la forêt frappa nos oreilles ; en suivant le son, nous parvînmes à un petit hangar, où cinq ou six femmes, assises sur les deux côtés d’une longue pièce de bois carrée, battaient l’écorce fibreuse du mûrier afin d’en fabriquer leurs étoffes. Elles s’arrêtèrent un moment pour nous laisser examiner l’écorce, le maillet, et la poutre qui leur servait de table : elles nous montrèrent aussi, dans une écale de coco, une espèce d’eau glutineuse dont elles se servaient de temps en temps afin de coller ensemble les morceaux d’écorces. Cette colle, qui, à ce que nous comprîmes, vient de l’hibiscus esculentus, est absolument nécessaire dans la fabrique de ces immenses pièces d’étoffes, qui, ayant quelquefois six à neuf pieds de large, et cent cinquante de long, sont composées de petits morceaux d’écorces prises sur des arbres assez menus. En examinant avec soin leurs plantations de mûriers, nous n’en