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trou est fermé par une planche. Nous observâmes devant chaque hutte des groupes d’habitans couchés ou assis comme les Orientaux sur un vert gazon ou sur une herbe sèche, et passant ainsi leurs jours heureux à converser ou à se reposer. Les uns se levaient à notre approche, et se joignaient à la foule qui nous suivait ; mais le plus grand nombre, et surtout ceux d’un âge mûr, restant dans la même attitude, se contentaient de prononcer le mot de tayo lorsque nous passions près d’eux. Ceux qui nous suivaient, nous voyant rassembler des plantes, s’empressèrent à en cueillir de pareilles qu’ils venaient nous offrir. Une grande variété de végétaux croît naturellement au milieu des plantations, dans ce beau désordre de la nature, qui est réellement admirable, et qui surpasse infiniment la symétrie des jardins réguliers. Nous y avons trouvé plusieurs graminées qui, quoique plus clair-semées que dans nos pays du nord, offraient cependant, en croissant à l’ombre, un lit de verdure d’une extrême mollesse et d’une fraîcheur remarquable ; elles entretenaient assez d’humidité dans le sol pour nourrir les arbres. De petits oiseaux remplissaient les bocages d’arbres à pain, etc. ; leur chant était très-agréable, quoiqu’on dise communément en Europe (je ne sais pourquoi) que les oiseaux des climats chauds sont privés du don de l’harmonie. De très-petits perroquets d’un joli bleu de saphir habitaient la cime des cocotiers les plus élevés, tandis que d’autres,