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» Une circonstance insignifiante avait engagé ces femmes à se jeter à l’eau : un des officiers, placé sur le gaillard d’arrière, voulut donner des grains de verroterie à un enfant de six ans qui était sur une pirogue ; ils tombèrent dans la mer ; l’enfant se précipita au même instant à l’eau, et plongea jusqu’à ce qu’il les eût rapportés du fond. Afin de récompenser son adresse, on lui jeta d’autres bagatelles, et cette générosité tenta une foule d’hommes et de femmes qui nous amusèrent par des tours surprenans d’agilité au milieu des flots, et qui non-seulement repêchaient des grains de verroterie mais même de grands clous qui, par leur poids, descendent promptement à une profondeur considérable. Quelques Taïtiens restaient long-temps sous l’eau, et nous ne revenions point de la prestesse avec laquelle ils plongeaient. Les ablutions fréquentes de ce peuple, dont le premier voyage de Cook a déjà parlé, leur rendent l’art de nager familier dès leur plus tendre enfance. À voir leur position aisée dans l’eau et la souplesse de leurs membres, nous les regardions presque comme des animaux amphibies. Le capitaine revint le soir sans avoir parlé au roi, qui avait fait dire qu’il nous rendrait visite le lendemain.

» Le capitaine Cook et ceux qui l’accompagnaient se promenèrent le long de la côte à l’est, suivis d’une quantité innombrable de Taïtiens qui voulurent absolument les porter sur leurs épaules lorsqu’il fallut passer un ruisseau.