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» Durant cette position critique, où tout le monde travailla de toutes ses forces, plusieurs Taïtiens étaient sur nos bords et autour des vaisseaux. Ils paraissaient insensibles à nos dangers ; ils ne montraient ni joie ni crainte quand les bâtimens touchaient. Cependant ils nous aidaient machinalement à virer le cabestan, à manier les cordages, etc. Pendant ces entrefaites, le thermomètre était à plus de 90° dans l’ombre, et le soleil brillait avec éclat sous un ciel d’une sérénité parfaite. Les Taïtiens nous quittèrent un peu avant le coucher du soleil.

» On passa la nuit, qui fut orageuse et pluvieuse, à courir de petites bordées ; et nous vîmes les dangereux récifs éclairés par les flambeaux des pécheurs taïtiens. L’un des officiers allant se coucher, trouva son lit sans draps : la belle Maroraï en avait probablement pris soin, quand elle fut abandonnée par son amant : elle dut mettre à son vol beaucoup d’adresse, car elle parut ensuite sur le pont, et personne ne s’en aperçut. Le lendemain au matin 17, nous mouillâmes dans la baie d’Oaïti-Piha. Les deux vaisseaux étaient entourés et remplis de Taïtiens qui nous apportaient des cocos, des bananes et des monbins, des ignames et d’autres racines qu’ils échangèrent contre des clous et des verroteries. Coot fit présent de chemises, de haches, etc., à plusieurs qui se disaient chefs ; ils promirent de lui envoyer en retour des cochons et des volailles. Mais ils ne tinrent point leur promesse.