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et du toucher la délicatesse et la finesse qui nous surprennent dans ceux qui ont perdu la vue. Si les aveugles ne perfectionnent pas également leur intelligence, c’est qu’ils n’en ont pas également besoin. Celui qui jouit de sa vue est le maître de faire par choix ce que l’homme privé de ses yeux fait par nécessité ; et s’il voulait s’appliquer comme lui à exercer ses organes, il les rendrait aussi parfaits. Afin d’encourager les efforts du genre humain, établissons donc pour principe d’un usage universel, que quiconque fera tout ce qu’il peut fera beaucoup plus qu’on ne croit communément possible.

» Parmi les insulaires qui étaient venus nous voir il y en avait quelques-uns d’une île voisine, appelée par eux Eimeo, et que le capitaine Wallis a nommée île du Duc d’York. Ils nous parlèrent de vingt-deux îles situées dans les environs de Taïti.

» Comme le jour où nous devions faire nos observations astronomiques approchait, je résolus, en conséquence de quelques idées que m’avait données lord Morton, d’envoyer deux détachemens, afin d’observer le passage de Vénus dans différens endroits, espérant que, si nous ne réussissions pas à Taïti, nous aurions ailleurs un meilleur succès. Nous nous occupâmes donc à préparer nos instrumens et à montrer l’usage qu’il en fallait faire à ceux de nos officiers que je me proposais d’envoyer dans un autre endroit.