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donnerait plusieurs le lendemain ; mais nous avions moins envie de nous régaler dans ce voyage que de remporter des rafraîchissemens dont le fort avait besoin ; nous le priâmes de ne pas faire tuer le cochon, et nous soupâmes des fruits du pays. Comme la nuit approchait, et qu’il y avait dans ce lieu plus de monde que les maisons et les canots n’en pouvaient contenir, et entre autres Obéréa, sa suite et plusieurs autres Taïtiens que nous connaissions, nous commençâmes à chercher des logemens ; nous étions au nombre de six. M. Banks fut assez heureux pour qu’Obéréa lui offrît une place dans sa pirogue ; il nous souhaita une bonne nuit, nous quitta, et alla se coucher de bonne heure, suivant la coutume du pays ; il ôta ses habits, comme à l’ordinaire, à cause de la chaleur : Obéréa lui dit amicalement qu’elle voulait les garder, parce qu’à coup sûr on les volerait, si elle n’en avait pas soin. M. Banks, ayant une pareille sauvegarde, s’endormit avec toute la tranquillité imaginable ; il s’éveilla sur les onze heures, et voulant sortir pour quelques besoins, il chercha ses habits dans l’endroit où il avait vu Obéréa les placer ; mais ils n’y étaient plus. Il éveilla Obéréa sur-le-champ. Dès qu’elle entendit sa plainte, elle se leva précipitamment, ordonna qu’on allumât des flambeaux, et se mit en devoir de retrouver ce que M. Banks avait perdu. Toutahah dormait dans la pirogue voisine : alarmé du bruit, il vint vers eux, et