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première fois depuis qu’on l’avait découvert volant des clous ; il paraissait affligé et craintif ; cependant il ne crut pas devoir chercher à regagner nos bonnes grâces et notre amitié en rendant les quatre clous qu’il avait emportés. La froideur et la réserve avec lesquelles M. Banks et les autres le traitèrent n’étaient guère capables de lui inspirer du calme et de la gaieté : il ne demeura pas long-temps, et il partit brusquement. M. Monkhouse, le chirurgien, alla le lendemain, dans la matinée, pour opérer la réconciliation ; il tâcha de lui persuader de rendre les clous ; mais il ne put pas y réussir.

» Le 27, il fut décidé que nous irions voir Toutahah, quoique nous ne comptassions pas beaucoup sur les cochons qu’il avait promis pour nos peines. Je m’embarquai dès le grand matin dans la pinasse avec MM. Banks et Solander, et trois autres personnes. Ce chef avait quitté Tettahah, où M. Hicks l’avait trouvé, et il était dans un endroit appelé Atahourou, à six milles plus loin. Comme nous ne pûmes pas faire plus de la moitié du chemin en canot, il était presque nuit lorsque nous arrivâmes. Nous vîmes Toutahah assis comme à l’ordidaire sous un arbre, et environné d’un grand nombre de Taïtiens ; nous lui fîmes nos présens, qui consistaient en un habit et un jupon d’étoffe jaune, et quelques autres bagatelles qu’il reçut avec plaisir. Il ordonna sur-le-champ de tuer et d’apprêter un cochon pour le souper, en nous promettant qu’il nous en