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un gage de leur sûreté. Nous ne voulûmes pas y consentir : nous lui fîmes entendre qu’on placerait une sentinelle jusqu’au matin pour faire la garde autour des barriques ; il retira alors ses lits dans la tente de M. Banks, où il passa la nuit avec sa famille ; il fit signe à la sentinelle, en la quittant, d’être bien sur ses gardes. Nous reconnûmes bientôt qu’il avait été bien informé : le voleur vint vers minuit ; mais, s’apercevant qu’on avait mis un soldat pour veiller sur les barriques, il s’en alla sans rien dérober.

» L’aventure du couteau avait beaucoup augmenté la confiance de M. Banks en Toubouraï-Tamaïdé, et il ne se défiait point de lui ; le Taïtien fut exposé par la suite à des tentations que sa probité et son honneur ne purent pas surmonter. Il s’était trouvé plusieurs fois dans des occasions favorables de commettre quelque vol, et il avait résisté ; mais il fut enfin séduit par les charmes enchanteurs d’un panier de clous : ces clous étaient plus grands que tous ceux que nous avions donnés jusqu’alors en échange aux Taïtiens, et ils avaient été laissés, peut-être par négligence, dans un coin de la tente de M. Banks, où le chef avait un libre accès. Celui-ci, ayant relevé par inadvertance quelque partie de son habillement sous lequel il en avait caché un, le domestique de M. Banks, le vit, et le dit à son maître. M. Banks, sachant qu’on ne lui avait pas donné ce clou, et qu’il ne l’avait pas reçu