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nations, il ne sera peut-être pas aisé de remonter à la source de cette coutume, quelque générale qu’elle soit ; si cette honte est une suite de l’instinct naturel, il ne sera pas moins difficile de découvrir comment elle est anéantie ou sans force parmi ces peuples, chez qui on n’en trouve, pas la moindre trace.

» Le 14 et le 15, nous eûmes une autre occasion de connaître si tous les Taïtiens étaient complices des projets que quelques-uns de leurs compatriotes méditaient contre nous. La nuit du 13 au 14, on vola une de nos pièces à l’eau, qui était à côté du fort. Le matin nous ne vîmes pas un insulaire qui ne fût instruit du vol ; cependant nous jugeâmes qu’ils n’étaient pas d’intelligence avec les voleurs, ou qu’ils trahissaient leurs associés ; car ils paraissaient tous disposés à nous indiquer où nous pourrions retrouver la barrique. M. Banks alla pour la chercher dans un endroit de la baie, où l’on nous dit qu’elle avait été mise dans une pirogue ; mais comme cette pièce à l’eau ne nous était pas fort nécessaire, il ne fit pas beaucoup de recherches pour la recouvrer. Lorsqu’il fut de retour, Toubouraï Tamaïdé lui dit qu’avant le lendemain matin on nous volerait une autre barrique. Il n’est pas aisé de conjecturer comment il avait appris ce projet : il est sûr qu’il n’était pas du complot ; car il vint, avec sa femme et sa famille, dans l’endroit où étaient placées les pièces à l’eau ; il y dressa des lits, en disant qu’en dépit du voleur il nous donnerait