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pas pour nous mettre à l’abri des insulaires. Entre onze heures et minuit un d’eux s’efforça d’entrer dans le fort en escaladant les palissades, dans le dessein sans doute de voler tout ce qu’il pourrait trouver. La sentinelle, qui le découvrit heureusement, ne fit pas feu, et le voleur s’enfuit avec tant de promptitude qu’aucun de nos gens ne put l’atteindre. La forge de l’armurier était dressée dans le fort, et le fer et les instrumens de ce métal dont on s’y servait continuellement, étaient des tentations au vol, que les Taïtiens ne pouvaient surmonter.

» Le dimanche 14, j’ordonnai qu’on célébrât le service divin au fort ; nous désirions que quelques-uns des principaux Taïtiens y assistassent ; mais lorsque l’heure fut arrivée, la plupart s’en allèrent chez eux. M. Banks cependant traversa la rivière, et ramena Toubouraï-Tamaïdé et sa femme Tomio ; il espérait que les cérémonies occasioneraient quelques questions de leur part, et donneraient lieu à quelques instructions de la nôtre. Il les fit asseoir sur des siéges, et se plaça près d’eux ; pendant tout le service ils observaient attentivement ses postures, et l’imitaient très-exactement ; ils s’asseyaient, se tenaient debout, et se mettaient à genoux comme M. Banks. Ils sentaient que nous étions occupés à quelque chose de sérieux, et d’important, et ils ordonnèrent aux Taïtiens qui étaient hors du fort de se tenir en silence : cependant, après que le