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tait une jeune fille d’une figure agréable. Ils furent d’autant plus charmés de la voir, qu’elle avait passé quelques jours sans venir au camp, et qu’on nous avait rapporté qu’elle était malade ou morte.

» Le 13, le marché étant fini à dix heures, M. Banks voulut chercher de l’ombrage pendant la chaleur du jour, et alla se promener dans les bois, portant son fusil comme à l’ordinaire : en s’en revenant, il rencontra Toubouraï-Tamaïdé près de la maison qu’il habitait par intervalles. Comme il s’était arrêté pour passer quelque temps avec lui, le Taïtiën lui arracha subitement le fusil des mains, le banda, et, l’élevant en l’air, il tira la détente ; heureusement l’amorce brûla sans que le coup partît. M. Banks lui reprit aussitôt son fusil, très-surpris de voir qu’il eût acquis assez de connaissance du mécanisme de cette arme pour la décharger, et il lui reprocha avec beaucoup de sévérité ce qu’il venait de faire. Comme il était très-important de ne pas apprendre aux Taïtiens comment on maniait ces armes, M. Banks, dans toutes les occasions, leur avait dit qu’ils ne pouvaient pas nous faire une plus grande offense que de les toucher. Comme il était nécessaire alors de réitérer ces défenses avec plus de force, il ajouta les menaces à ses reproches. Toubouraï-Tamaïdé supporta tout patiemment : mais, dès que M. Banks eut traversé la rivière, le Taïtien partit avec toute sa famille et ses meubles pour sa maison d’Éparré.