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que nous fûmes arrivés à bord, il nous dit de retourner au vaisseau avec son cochon : cet ordre notait pas agréable ; nous avions un trajet de quatre milles, et pendant ce temps le dîner se refroidissait : nous crûmes pourtant devoir le satisfaire ; il nous accompagna au vaisseau, suivi de quelques autres Taïtiens, et enfin nous mangeâmes les mets qu’il avait préparés, et dont lui et Toubaraï-Tamaïdé eurent une bonne part.

» Notre réconciliation avec ce chef fit sur les Taïtiens l’impression favorable que nous pouvions désirer ; car dès qu’ils surent qu’il était à bord, les fruits à pain, les cocos, et les autres provisions, arrivèrent au fort en grande abondance.

» Les échanges se faisaient dans le marché comme à l’ordinaire ; mais les cochons y étant toujours fort rares, M. Molineux, notre maître et M. Green, s’embarquèrent le 8, dès le grand matin, dans la pinasse, afin d’examiner s’ils pourraient acheter des cochons ou de la volaille dans la partie de l’île à l’est. Ils parcoururent un espace d’environ vingt milles ; ils aperçurent plusieurs cochons et une tortue, qu’on ne voulut pas leur vendre : chacun leur disait que tout cela appartenait à Toutahah, et qu’on ne pouvait en rien échanger sans sa permission. Nous commençâmes à croire que Toutahah était un grand prince, puisqu’il avait une autorité si absolue, et qui s’étendait si loin. Nous reconnûmes ensuite qu’il gouvernait comme