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» Ces combats durèrent environ deux heures : pendant ce temps l’homme qui nous avait fait faire place lors de notre débarquement retenait les Taïtiens à une distance convenable, en frappant rudement de son bâton ceux qui s’avançaient trop ; nous nous informâmes de son état, et nous apprîmes que c’était un officier de Toutahah qui remplissait les fonctions, de maître des cérémonies. »

Les lecteurs qui connaissent les combats des athlètes de l’antiquité remarqueront sans doute une ressemblance grossière entre ces anciens jeux et les luttes des habitans d’une petite île située au milieu du grand Océan. On peut à ce sujet se rappeler la description qu’en a donnée Fénélon dans son Télémaque ; quoiqu’il raconte des événemens fabuleux, il a copié fidèlement les mœurs des anciens temps, d’après les auteurs qu’on regarde comme des historiens fidèles.

« Lorsque les combats de lutte furent terminés, on nous fit entendre qu’on préparait des cochons et des fruits à pain pour notre dîner ; comme nous avions grand appétit, cette nouvelle nous fit plaisir. Toutahah cependant sembla se repentir de sa libéralité : au lieu de placer ces deux cochons devant nous, il en fit porter un dans notre canot ; nous ne fûmes pas fâchés d’abord de ce nouvel arrangement, parce que nous pensions que nous dînerions mieux à notre aise dans notre bâtiment qu’à terre, et qu’il serait plus facile d’écarter la foule. Dès