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bat était fini, les vieillards applaudissaient au vainqueur par quelques mots que toute l’assemblée répétait en chœur sur une espèce de chant, et la victoire était célébrée ordinairement par trois cris de joie. Le spectacle était suspendu alors pendant quelques minutes ; ensuite un autre couple de lutteurs s’avançait dans l’arène, et combattait de la même manière. Après que le combat avait duré une minute, si l’un des deux n’était pas mis à terre, ils se séparaient d’un commun accord, ou par l’intervention de leurs amis ; et, dans ce cas, chacun étendait son bras en frappant l’air pour faire un nouveau défi au même rival ou à un autre. Tandis que les lutteurs étaient aux prises, une autre troupe exécutait une danse qui durait aussi l’espace d’une minute ; mais les danseurs et les lutteurs, entièrement occupés de ce qu’ils faisaient, ne donnaient pas la moindre attention les uns aux autres. Nous observâmes avec plaisir que le vainqueur ne montrait jamais d’orgueil à regard de l’adversaîre qu’il avait défait, et que le vaincu ne murmurait point de la gloire de son rival. Enfin toute la lutte eut lieu avec une bonne amitié et une bonne humeur parfaite, quoiqu’il y eût au moins cinq cents spectateurs, dont quelques-uns étaient des femmes ; il est vrai qu’elles étaient en petit nombre : de plus, elles étaient toutes d’un rang distingué, et nous avons des raisons de croire qu’elles n’assistaient à ce spectacle que par égard pour nous.