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heures je fis mettre en mer la pinasse, et je m’y embarquai avec MM. Banks et Solander : nous étions accompagnés d’un des envoyés de Toutahah, et à une heure nous arrivâmes au lieu de sa résidence, qu’ils appelaient Eparré, et qui était située à environ quatre milles à l’ouest de nos tentes.

» Nous trouvâmes un grand nombre de Taïtiens qui nous attendaient sur le rivage ; il nous aurait été impossible d’aller plus avant, si un homme grand et de bonne mine ne nous avait pas ouvert un passage ; sa tête était couverte d’une espèce de turban, et il tenait à la main un bâton blanc, dont il frappait impitoyablement ceux qui étaient autour de lui : cet homme nous conduisit vers le chef, tandis que la foule criait taïo Toutahah, Toutahah est votre ami. Nous le vîmes comme un ancien patriarche, assis sous un arbre et environné de plusieurs vieillards vénérables ; il nous fit signe de nous asseoir, et sur-le-champ il nous demanda sa hache ; je la lui présentai ainsi que la chemise, avec un habit de drap fait selon la mode de son pays, et garni d’un espèce de ruban : il les reçut avec bien du plaisir, et tout de suite il endossa le vêtement ; mais il donna la chemise à la personne qui nous avait fait faire passage en débarquant sur la côte : cet homme était assis alors près de nous, et Toutahah semblait désirer que nous eussions des attentions particulières pour lui. Peu de temps après, Obéréa et plusieurs autres femmes que nous