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demanda si je voulais la lui donner. J’y consentis tout de suite ; et comme s’il eût craint que je ne m’en repentisse, il l’emporta dans un transport de joie, sans me faire d’autres demandes ; ce qui n’arrivait pas souvent, quelque généreux que nous fussions à leur égard.

» Sur le midi, un des chefs qui avait dîné avec moi quelques jours auparavant, accompagné de quelques-unes de ses femmes, vint seul à bord du vaisseau. J’avais observé que ses femmes lui donnaient à manger ; je ne doutais pas que dans l’occasion il ne voulût bien prendre lui-même la peine de porter les alimens à sa bouche ; je me trompais. Lorsque nous fûmes à table, et que le dîner fut servi, je lui présentai quelques-uns des mets ; je vis qu’il n’y touchait pas, et je le pressai de manger ; mais il resta toujours immobile comme une statue, sans toucher à un seul morceau ; il serait sûrement parti sans dîner, si un de mes domestiques ne lui avait mis les mets dans la bouche.

» Le premier de mai, dans l’après-midi, nous dressâmes notre observatoire, et nous portâmes à terre, pour la première fois, un quart de cercle et quelques autres instrumens.

» Le lendemain au matin, 2, sur les neuf heures, j’allai à terre avec M. Green pour placer notre quart de cercle ; il n’est pas possible d’exprimer la surprise et le chagrin que nous ressentîmes en ne le trouvant pas. Il avait été déposé dans une tente réservée pour ma