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jusqu’à le réduire en poudre, et l’avait ensuite avalé ; il regarda d’une manière très-touchante M. Banks, pendant qu’il examinait la feuille et ce qui y était renfermé ; et il lui fit entendre qu’il n’avait plus guère de temps à vivre. M. Banks, connaissant alors la maladie, lui conseilla de boire beaucoup de lait de cocos, ce qui termina en peu de temps sa maladie et ses craintes. Toubouraï-Tamaïdé passa la journée au fort, avec la gaieté et la bonne humeur qui accompagnent toujours la guérison inattendue des maladies de l’esprit ou du corps.

» Le capitaine Wallis ayant rapporté en Angleterre une des haches de pierres des Taïtiens, qui ne connaissaient aucune espèce de métaux, M. Stephens, secrétaire de l’amirauté, en fit faire une pareille en fer. Je l’avais à bord, pour montrer à ces peuples combien nous excellions dans l’art de fabriquer des instrumens d’après leur propre modèle. Je ne la leur avais pas encore fait voir, parce que je ne m’en étais pas souvenu. Le premier de mai, Toutahah nous vint rendre visite au vaisseau sur les dix heures du matin, et il témoigna beaucoup de curiosité de voir ce qui était renfermé dans les armoires et les tiroirs de ma chambre. Comme je le satisfaisais en tout, je les ouvris sur-le-champ : il désira d’avoir plusieurs choses qu’il apercevait, et il les rassembla : enfin il jeta les yeux sur la hache ; il s’en saisit avec beaucoup d’empressement ; et remettant tout ce qu’il avait déjà choisi, il me