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sentinelles étaient relevées aussi exactement que dans nos places frontières, où le service militaire se fait avec le plus de ponctualité.

» Le lendemain 30 nous continuâmes à nous tenir sur nos gardes, quoique nous n’eussions pas de raisons particulières de croire que cette précaution fût nécessaire. Sur les dix heures du matin, Tomio s’en vint à la tente en courant ; elle portait sur son visage des marques de douleur et de crainte ; elle prit par la main M. Banks, à qui les Taïtiens s’adressaient toujours dans les occasions de détresse ; elle lui fit entendre que Toubouraï-Tamaïdé se mourait, par une suite de quelque chose que nos gens lui avaient donné à manger, et elle le pria venir à la maison du malade. M. Banks partit sans délai, et trouva l’Indien la tête appuyée contre un poteau, et dans l’attitude de la langueur et de l’abattement. Les insulaires qui environnaient Toubouraï-Tamaïdé firent signe à M. Banks qu’il avait vomi, et lui apportèrent une feuille pliée avec grand soin, où ils disaient qu’était renfermée une partie du poison qui avait mis leur compatriote à l’agonie. M. Banks, fort empressé, ouvrit la feuille, où il ne vit qu’un morceau de tabac que Toubouraï-Tamaïdé avait demandé à quelques-uns de nos gens, qui avaient eu l’indiscrétion de le lui donner. Le malade avait observé que nos matelots le tenaient long-temps dans leur bouche ; et, voulant faire la même chose, il l’avait mâché