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reine. Cette remarque est d’autant plus vraie, qu’en très-peu de temps ils n’attachèrent aucun prix aux poupées.

» Le 29, assez tard dans la matinée, M. Banks alla faire sa cour à Obéréa ; on lui dit qu’elle dormait encore, et qu’elle était couchée sous le pavillon de sa pirogue. Il y alla dans le dessein de l’éveiller, et il crut pouvoir prendre cette liberté sans crainte de l’offenser. En regardant à travers le pavillon, il fut fort surpris de voir dans son lit un beau jeune homme d’environ vingt-cinq ans, qui s’appelait Obady. Il se retira en hâte et tout confus ; mais on lui fit bientôt entendre que ces amours ne scandalisaient personne, et que chacun savait qu’Obéréa avait choisi Obady pour lui prodiguer ses faveurs. Obéréa était trop polie pour souffrir que M. Banks l’attendît long-temps dans son antichambre ; elle s’habilla elle-même plus promptement qu’à l’ordinaire ; et pour lui donner des marques d’une faveur spéciale, elle le revêtit d’un habillement d’étoffes fines, et vint ensuite avec lui dans nos tentes. Le soir M. Banks, suivi de quelques flambeaux , alla voir Toubouraï-Tamaïdé, comme cela lui était déjà arrivé souvent ; il fut très-affligé et très-surpris de le trouver lui et sa famille dans la tristesse, et quelques-uns de ses parens versant des larmes. Il tâcha en vain d’en découvrir la cause ; c’est pour cela qu’il ne resta pas long-temps chez le Taïtien. Quand M. Banks eut fait part de cette circonstance aux officiers du fort, ils se