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située au bord du bois. Ce chef revint en moins d’un quart d’heure, fort ému ; il prit avec empressement M. Banks par la main, et lui fit signe de le suivre. M. Banks y consentit, et ils arrivèrent bientôt à un endroit où ils trouvèrent le boucher du vaisseau qui tenait en sa main une faucille. Toubouraï-Tamaïdé s’arrêta alors ; et, dans un transport de rage qui empêchait de comprendre ses signes, il fit entendre que le boucher avait menacé ou entrepris d’égorger sa femme avec cette arme. M. Banks lui dit par signes que, s’il pouvait expliquer clairement la nature du délit, l’homme serait puni. À cette réponse l’Indien se calma : il fit comprendre à M. Banks que le délinquant ayant pris fantaisie d’une hache de pierre qui était dans la maison, il l’avait demandée à sa femme pour un clou ; que, celle-ci ayant refusé de conclure le marché pour ce prix, l’Anglais avait jeté le clou à terre et pris la hache, en la menaçant de lui couper la gorge, si elle faisait résistance. L’Indien produisit la hache et le clou, afin de donner des preuves de l’accusation, et le boucher dit si peu de chose pour sa défense, qu’il n’était pas possible de douter de la vérité du fait.

» M. Banks me communiqua cette aventure, et je pris le moment où le chef, ses femmes et d’autres Indiens étaient à bord du vaisseau, pour faire venir le boucher. Après lui avoir rappelé les preuves de son crime, je donnai ordre qu’il fût puni, afin de prévenir par-là