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les pousse. Dans la partie septentrionale, la lance n’a qu’une pointe ; la hampe de la lance est faite d’une espèce de roseau-canne ou de la tige d’une plante qui ressemble un peu au jonc, et qui est très-droite et très-légère ; la lance a huit à quatorze pieds de long ; elle est composée de plusieurs parties ou pièces qui entrent les unes dans les autres et sont liées ensemble. On adapte cette hampe à diverses pointes ; quelques-unes sont d’un bois dur et pesant, et d’autres d’os de poisson. Nous en avons remarqué plusieurs qui avaient pour pointe l’aiguillon d’une raie, le plus grand qu’on avait pu trouver, et qui était barbelé de beaucoup d’autres plus petits attachés dans une direction contraire. Les pointes de bois sont aussi armées quelquefois de morceaux aigus de coquilles brisées ; on les enfonce dans le bois, et on recouvre les jointures avec de la résine.

» Les lances ainsi barbelées sont des armes terribles ; car, lorsqu’elles sont une fois entrées dans le corps, on ne peut pas les en retirer sans déchirer la chair, ou sans laisser dans la blessure des échardes pointues de l’os ou de la coquille qui formaient les barbes. Ils lancent ces armes avec beaucoup de force et de dextérité ; la main seule suffit pour cette opération, s’ils veulent seulement atteindre à peu de distance, par exemple, à trente ou soixante pieds ; mais si leur but est éloigné de cent vingt ou cent cinquante, ils se servent d’un instrument que nous appelâmes bâton à jeter. C’est